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mercredi 18 mai 2011

RÉVOLTES ARABES ET RÉPRESSIONS NÉO-COLONIALES 
Robert Bibeau:1/2
 
Le monde arabe est extrêmement complexe, les groupes religieux sont nombreux, les communautés ethniques encore davantage, les nationalismes toujours exacerbés, à dessein, par moult puissances étrangères implantées là depuis le XVIIIe siècle et même avant. Chaque puissance européenne, puis les États-Unis et aujourd’hui la Chine impérialiste sont venues sur ces terres se tailler un petit empire qu’aucune puissance coloniale n’a jamais voulu abandonner.
Après le colonialisme classique, la domination étrangère a fait place depuis cinquante ans au néo-colonialisme ; le repartage des zones d’influences coloniales est aujourd’hui à l’ordre du jour car les puissances impérialistes montent ou déclinent selon le développement économique contemporain ceci entraîne un repartage des marchés, des sources de matières premières, des zones d’exploitation de la main-d’oeuvre.

Le néo-colonialisme a ceci de particulier qu’il s’accommode de l’indépendance formelle de ces pays semi-coloniaux. Il l’exige même, car il est plus facile d’exploiter les ressources naturelles nationales et le travail des populations locales sous la supervision d’une bourgeoisie nationale véreuse et soumise, vivant des prébendes et des ristournes sur ces richesses que de tenter de contrôler et d’administrer directement ces populations indigènes toujours enclines à se révolter et à stigmatiser les méfaits des puissances étrangères coupables de leur déchéance (1).

Dorénavant, mise à part la bourgeoisie palestinienne qui n’a toujours pas obtenu son petit État bien à soi, à administrer pour le bénéfice des colonialistes israéliens - mais ça ne saurait tarder suite à l’accord de collaboration entre le Hamas et le Fatah (2) - toutes les autres bourgeoisies nationales, castes ou tribus arabes, berbères, kurdes, druzes ou alaouites ont maintenant leur domaine, leur zone géographique auxquels on a donné le nom de pays, de territoires autonomes, de royaumes, d’émirats ou de sultanats, etcétéra. 
Ces nations créées à partir de divisions tribales, ethniques et religieuses se forgent peu à peu un vouloir vivre collectif sur des territoires étatiques le plus souvent reconnus, balisés (frontières délimitées et acceptées, et gouvernement légiférant légalement), dans un environnement économique national fragile mais tout de même existant et en phase de consolidation. C’est pour cette raison que nous affirmons que se sont de véritables nations (tunisienne, égyptienne, syrienne, libyenne, irakienne, yéménite), ayant en commun la langue arabe, qui sont en émergence et en cours de consolidation et qui luttent chacune pour leur véritable indépendance.   C’est dans ce contexte qu’interviennent les agressions néo-coloniales prenant appui sur des sections de classes bourgeoises nationales totalement inféodées aux intérêts d’une puissance impérialiste ou d’une autre (France, Grande-Bretagne, Italie, États-Unis, Russie, Chine).

C’est sur cette toile de fond impérialiste et collaborationniste de manigances, de complots, d’exactions, de dictatures bourgeoises ou aristocratiques moyenâgeuses que l’on peut et que l’on doit analyser et comprendre la série de révoltes populaires arabes. En plus de l’héritage pas si lointain de la décolonisation ottomane, un autre événement fondateur est à l’origine de tous ces soulèvements : la grande crise économique mondiale de l’année 2008, dont l’épicentre fut localisé quelque part sur Wall Street en la cité de New-York et dont les secousses telluriques se répandirent comme une traînée de poudre sur l’ensemble de la planète. 

 Dans une tentative désespérée de parer les effets de cette crise du système monétaire et financier impérialiste international, les puissances néo-coloniales se tournèrent vers leurs néo-colonies du tiers monde et exigèrent par l’intermédiaire de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international que ces pays absorbent le coût de toute cette gabegie monétaire (des milliards de capitaux venaient de s’envoler en fumée et l’on souhaiterait que les riches soient les seuls à assumer cette faillite !). Les gouvernements arabes à la solde se mirent consciencieusement au travail et accrurent la pression sur la force de travail régional, accentuèrent la dilapidation des ressources naturelles nationales, accélérèrent le bradage des biens et services publics aux entreprises privées monopolistes occidentales, jetèrent des centaines de milliers de jeunes diplômés sur le pavé, cependant que l’inflation faisait des ravages et rendait les biens de première nécessité quasi inaccessibles aux populations multiethniques paupérisées.


Dans tous les pays arabes la petite-bourgeoisie nationale, ce corps franc de la grande bourgeoisie, ce rempart contre l’insurrection populaire, fut frappée et appauvrie ; c’est elle qui donna le signal de la révolte et qui organisa les premiers soulèvements populaires. Mais sans organisation révolutionnaire et sans direction révolutionnaire, ces révoltes furent facilement récupérées et dévoyées de leur route et de leurs mots d’ordre économiques et démocratiques (pain, travail, dignité, fin de la tyrannie).
à suivre 

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