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jeudi 19 mai 2011

RÉVOLTES ARABES ET RÉPRESSIONS NÉO-COLONIALES
de : Robert Bibeau 2/2 ..suit et fin 

Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, fut la première à percevoir le danger et à proposer que ces soulèvements devraient être canalisés vers l’obtention du droit de voter pour une vaste panoplie de traîtres, sans discrimination et sans pré –sélection,     avant les élections démocratiques bourgeoises. De toute façon, pensait-elle cynique, de nos jours les techniques de contrôle et d’endiguement électoral sont suffisamment maîtrisées, sophistiquées et coûteuses pour que l’on conserve toujours la haute main sur ces processus d’élection bidon.
Mais la rue arabe en Tunisie puis en Égypte, une fois revenue de sa surprise agréable de voir s’enfuir leurs présidents tyranniques avec quelques milliards en poche et un sauf conduit mal acquis, comprit qu’elle s’était fait berner et que tout restait à accomplir pour se débarrasser des systèmes oligarchiques néo-coloniaux indignes qui les oppriment.
Entre-temps les puissances néo-coloniales avaient eu l’opportunité de préparer leur riposte et pourquoi ne pas pêcher en eau trouble, s’étaient dit Sarkozy, Obama et compagnie ? De nombreux autres tyrans méritaient une leçon et de toute façon la rue arabe ne décolérait pas : autant lui donner davantage de tyrans à tétaniser. Après la Tunisie et l’Égypte, voilà la Libye, le Bahreïn, le Yémen, l’Algérie, puis enfin la Syrie et le Maroc mis sous le choc

Qui poussé par des chefs de tribus frustrés de ne pas avoir obtenu leur part dans le partage des prébendes ; qui poussé par la fraction chiite de la bourgeoisie nationale traitée en déshéritée dans le partage des postes de la nomenklatura ; qui poussé par la fraction sunnite de la bourgeoisie nationale excédée de voir les alaouites monopoliser le pouvoir politique ; qui n’acceptant plus de voir l’armée gérer le pays comme sa chasse gardée.
Dans toute cette saga, parmi tous ces pays arabes, le peuple désoeuvré, affamé, désorienté s’avançait pour mener l’insurrection, mais faute de direction et d’organisation véritablement révolutionnaires, il s’est retrouvé immanquablement à servir de chair à canon pour défendre les revendications d’une section ou d’une autre des bourgeoises nationales (parfois encore semi-tribales) cupides et dégénérées (3).
le monde entre le sang et le pétrole lybien







En Libye, la guerre civile entre les tribus de Cyrénaïque frustrées et leurs mercenaires soutenus par l’OTAN, et les tribus de Tripolitaine au pouvoir depuis quarante ans tournent au règlement de compte des puissances occidentales contre leur marionnette Kadhafi, coupable d’avoir tenté de mener quelques politiques indépendantes et d’avoir soutenu l’édification de la Banque africaine, concurrente de la Banque mondiale capitaliste (4).
Le régime syrien a longtemps servi de sous-traitant tortionnaire aux États-Unis. Ce régime a une tradition de poigne de fer, et n’a jamais été trop troublé par les sanctions de la soi-disant communauté internationale. Il se situe à la jonction de la zone d’influence russe (ex-soviétique) et de la zone d’influence française, américaine et britannique ; rendant service aux deux camps sur commande, jusqu’à maintenant le régime s’était assez bien tiré d’affaire sur le plan international en nageant entre deux eaux et en eaux troubles le plus souvent.
Hezbollah
Le régime syrien est aujourd’hui un facteur de stabilité vu sous l’angle israélien/ américain et il serait étonnant qu’Israël se trouve derrière les soulèvements « spontanés » actuels. Le régime sert de canal pour ce qui est de l’appui de l’Iran au Hezbollah (voilà qui dérange lourdement Israël) et il fait partie de la nouvelle alliance Iran, Syrie, Turquie, Russie dirigée par la Chine impérialiste à travers l’alliance de Shanghai.
Liberté égalité fratenité
Par contre ce régime est le fait d’une minorité (alaouite) qui domine par la terreur une population en majorité sunnite. C’est une société tenue dans l’arriération sur le plan de la recherche, des communications, de la technologie et du développement économique (quel qu’il soit). Depuis le protectorat français ce régime a toujours maintenu des relations troubles avec son voisin libanais. Enfin, il est reconnu que les États-Unis ont investi lourdement et souvent clandestinement dans ce pays pour faire la promotion de "la pseudo démocratie colorée"...comme il l’a fait dans certains pays de l’Europe de l’Est.
En Syrie le pouvoir de Bachar el-Assad est aujourd’hui ébranlé par les mercenaires de Saad Hariri (ex premier ministre libanais) et de ses commanditaires d’Arabie à titre de représailles pour le soutien iranien au soulèvement chiite au Bahreïn.
Au Yémen la situation demeure confuse car si le pouvoir impérialiste aimerait bien sacrifier son valet Ali Abdallah Saleh, comme Moubarak et Ben Ali avant lui, celui-là ne l’entend pas de cette oreille et semble poser des exigences trop importantes pour abandonner son poste de gestionnaire de la machine d’État yéménite. En Arabie Saoudite, l’État a jeté des milliards de dollars en pâture aux manifestants et a dépêché sa troupe pour occuper le Bahreïn, un avertissement à ses propres opposants qui seraient tentés de poursuivre les soulèvements. Il semble bien que ce pouvoir monarchique s’en sortira indemne encore une fois tout comme au Koweït voisin.
Voilà où en est aujourd’hui cette succession de révoltes populaires arabes manœuvrées en sous-main par différentes puissances craignant toujours que le contrôle leur échappe et que, de ces révoltes trahies - sur la Place Tahrir notamment (5) - n’émergent des révolutions emportant ces bandes de marionnettes qu’elles soutiennent affectueusement et douloureusement, alors que leurs petits héros virtuels patentés risquent d’être récupérés ou emportés dans la tourmente (6).


(1) mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23776
 
(2) http://www.lepost.fr/article/2011/05/12/2492344_accord-hamas-fatah_1_0_1.html
(3) mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23889
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Place_Tahrir
(6) http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=128:documentaire-monde-arabe-londe-de-choc&catid=37:societe&Itemid=75


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