RÉVOLTES ARABES ET RÉPRESSIONS NÉO-COLONIALES
Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, fut la première à
percevoir le danger et à proposer que ces soulèvements devraient être
canalisés vers l’obtention du droit de voter pour une vaste panoplie de
traîtres, sans discrimination et sans pré –sélection, avant les
élections démocratiques bourgeoises. De toute façon, pensait-elle
cynique, de nos jours les techniques de contrôle et d’endiguement
électoral sont suffisamment maîtrisées, sophistiquées et coûteuses pour
que l’on conserve toujours la haute main sur ces processus d’élection
bidon.
Mais la rue arabe en Tunisie puis en Égypte, une fois revenue de sa
surprise agréable de voir s’enfuir leurs présidents tyranniques avec
quelques milliards en poche et un sauf conduit mal acquis, comprit
qu’elle s’était fait berner et que tout restait à accomplir pour se
débarrasser des systèmes oligarchiques néo-coloniaux indignes qui les
oppriment.
Entre-temps les puissances néo-coloniales avaient eu l’opportunité de
préparer leur riposte et pourquoi ne pas pêcher en eau trouble,
s’étaient dit Sarkozy, Obama et compagnie ? De nombreux autres tyrans
méritaient une leçon et de toute façon la rue arabe ne décolérait pas :
autant lui donner davantage de tyrans à tétaniser. Après la Tunisie et
l’Égypte, voilà la Libye, le Bahreïn, le Yémen, l’Algérie, puis enfin la
Syrie et le Maroc mis sous le choc

Dans toute cette saga, parmi tous ces pays arabes, le peuple désoeuvré,
affamé, désorienté s’avançait pour mener l’insurrection, mais faute de
direction et d’organisation véritablement révolutionnaires, il s’est
retrouvé immanquablement à servir de chair à canon pour défendre les
revendications d’une section ou d’une autre des bourgeoises nationales
(parfois encore semi-tribales) cupides et dégénérées (3).
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le monde entre le sang et le pétrole lybiens |
En Libye, la guerre civile entre les tribus de Cyrénaïque frustrées et
leurs mercenaires soutenus par l’OTAN, et les tribus de Tripolitaine au
pouvoir depuis quarante ans tournent au règlement de compte des
puissances occidentales contre leur marionnette Kadhafi, coupable
d’avoir tenté de mener quelques politiques indépendantes et d’avoir
soutenu l’édification de la Banque africaine, concurrente de la Banque
mondiale capitaliste (4).
Le régime syrien a longtemps servi de sous-traitant tortionnaire aux
États-Unis. Ce régime a une tradition de poigne de fer, et n’a jamais
été trop troublé par les sanctions de la soi-disant communauté
internationale. Il se situe à la jonction de la zone d’influence russe
(ex-soviétique) et de la zone d’influence française, américaine et
britannique ; rendant service aux deux camps sur commande, jusqu’à
maintenant le régime s’était assez bien tiré d’affaire sur le plan
international en nageant entre deux eaux et en eaux troubles le plus
souvent.
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Hezbollah |
Le régime syrien est aujourd’hui un facteur de stabilité vu sous l’angle
israélien/ américain et il serait étonnant qu’Israël se trouve derrière
les soulèvements « spontanés » actuels. Le régime sert de canal pour ce
qui est de l’appui de l’Iran au Hezbollah (voilà qui dérange lourdement
Israël) et il fait partie de la nouvelle alliance Iran, Syrie, Turquie,
Russie dirigée par la Chine impérialiste à travers l’alliance de
Shanghai.
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Liberté égalité fratenité |
Par contre ce régime est le fait d’une minorité (alaouite) qui domine
par la terreur une population en majorité sunnite. C’est une société
tenue dans l’arriération sur le plan de la recherche, des
communications, de la technologie et du développement économique (quel
qu’il soit). Depuis le protectorat français ce régime a toujours
maintenu des relations troubles avec son voisin libanais. Enfin, il est
reconnu que les États-Unis ont investi lourdement et souvent
clandestinement dans ce pays pour faire la promotion de "la pseudo
démocratie colorée"...comme il l’a fait dans certains pays de l’Europe
de l’Est.
En Syrie le pouvoir de Bachar el-Assad est aujourd’hui ébranlé par les
mercenaires de Saad Hariri (ex premier ministre libanais) et de ses
commanditaires d’Arabie à titre de représailles pour le soutien iranien
au soulèvement chiite au Bahreïn.
Au Yémen la situation demeure confuse car si le pouvoir impérialiste
aimerait bien sacrifier son valet Ali Abdallah Saleh, comme Moubarak et
Ben Ali avant lui, celui-là ne l’entend pas de cette oreille et semble
poser des exigences trop importantes pour abandonner son poste de
gestionnaire de la machine d’État yéménite. En Arabie Saoudite, l’État a
jeté des milliards de dollars en pâture aux manifestants et a dépêché
sa troupe pour occuper le Bahreïn, un avertissement à ses propres
opposants qui seraient tentés de poursuivre les soulèvements. Il semble
bien que ce pouvoir monarchique s’en sortira indemne encore une fois
tout comme au Koweït voisin.
Voilà où en est aujourd’hui cette succession de révoltes
populaires arabes manœuvrées en sous-main par différentes puissances
craignant toujours que le contrôle leur échappe et que, de ces révoltes
trahies - sur la Place Tahrir notamment (5) - n’émergent des révolutions
emportant ces bandes de marionnettes qu’elles soutiennent
affectueusement et douloureusement, alors que leurs petits héros
virtuels patentés risquent d’être récupérés ou emportés dans la
tourmente (6).
(1) mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23776
(2) http://www.lepost.fr/article/2011/05/12/2492344_accord-hamas-fatah_1_0_1.html
(3) mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23889
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Place_Tahrir(6) http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=128:documentaire-monde-arabe-londe-de-choc&catid=37:societe&Itemid=75
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