23 août 1927 : Affaire Sacco et Vanzetti
aux États-Unis
Contexte
Comme en Europe, les années 1919-1920 sont difficiles
aux États-Unis : il faut reconvertir l’économie de guerre et faire face à
l’inflation. La fin du dirigisme étatique mis en place en 1917 et la
montée du syndicalisme provoquent de nombreuses grèves dans tout le
pays.
En 1919, on recense 4,1 millions de grévistes qui réclament de
meilleurs salaires et une réduction du temps de travail. Les grèves
dégénèrent en violence et donnent lieu à des affrontements dans
plusieurs grandes villes, comme à Boston.
L’opinion publique amalgame les grêvistes, les
étrangers et « les Rouges ». Elle craint les progrès du bolchévisme en
Europe, le terrorisme de gauche et se méfie des immigrés récents qui
parlent à peine l’anglais.
Début de l’affaire
Le 5 mai 1920, Sacco et Vanzetti sont arrêtés ; ils sont
soupçonnés d’avoir commis deux braquages (le 24 décembre 1919 à
Bridgewater et le 15 avril 1920 à South Braintree où deux convoyeurs
sont tués).
Le 16 août 1920, Vanzetti seul est condamné pour le
premier braquage à 15 ans de prison. Le second procès qui se clôt le 14
juillet 1921 les condamne tous les deux à la peine capitale pour les
crimes de South Braintree, dans la banlieue de Boston, malgré le manque
de preuves formelles. Des comités de défense se mettent en place dans le
monde entier pour sensibiliser l’opinion sur cette injustice : le
dictateur italien Mussolini prend même leur défense[2]. Comme Sacco en
1923, Vanzetti est placé début 1925 en hôpital psychiatrique.
Le 12 mai 1926, leur condamnation à mort est confirmée. Le 26 mai, un bandit dénommé Madeiros avoue de sa prison être l’auteur du braquage de South Braintree, mais le juge Thayer, qui n’aimait ni les Italiens, ni les anarchistes[3], refuse de rouvrir le dossier. Malgré une mobilisation internationale intense et le report à plusieurs reprises de l’exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et Celestino Madeiros passent sur la chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927, suscitant une immense réprobation.
Le 12 mai 1926, leur condamnation à mort est confirmée. Le 26 mai, un bandit dénommé Madeiros avoue de sa prison être l’auteur du braquage de South Braintree, mais le juge Thayer, qui n’aimait ni les Italiens, ni les anarchistes[3], refuse de rouvrir le dossier. Malgré une mobilisation internationale intense et le report à plusieurs reprises de l’exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et Celestino Madeiros passent sur la chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927, suscitant une immense réprobation.
Le 23 août 1977, exactement 50 ans après, le gouverneur
du Massachusetts Michael Dukakis absout les deux hommes, et déclare que «
tous les déshonneurs devaient être enlevés de leurs noms pour toujours
»[réf. nécessaire].
Culture populaire
La chanson Here’s to you de Joan Baez leur est dédiée.
Elle reprend les mots de Vanzetti au juge Thayer (cf ci-dessous) :
"Heres to you Nicola and Bart/ Rest forever here in our hearts/ The last
and final moment is yours/ That agony is your triumph".
Le film Sacco et Vanzetti réalisé par Giuliano Montaldo retrace leur
histoire.
Vanzetti, condamné avec Sacco à l’électrocution, répond
le 9 avril 1927 au juge Thayer :
« Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à
parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu mourir
inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe.
Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la
tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes,
ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos
souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon
cordonnier et d’un pauvre vendeur de poisson, c’est cela qui est tout !
Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. »
Notes
1.2.3 ↑ A. Kaspi, Les États-Unis au temps de la prospérité, 1919-1939, 1994, p.40
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