de : Roberto Ferrario
samedi 17 septembre 2011 - 13h39
Témoignage d’une rescapée
« Mon nom est Souad Srour El Marai, réfugiée palestinienne vivant au
Liban. Je vais essayer de vous résumer ce qui m’est arrivé, à moi et à
ma famille, pendant les massacres de Sabra et Chatila lors de l’invasion
israélienne de Beyrouth en 1982. J’avais alors 17 ans. Dans
l’après-midi du 16 septembre, j’étais en compagnie de mon frère de 12
ans ; nous étions en route vers un des camps de réfugiés dans lequel nos
amis s’abritaient des bombardements et pour leur demander de nous
raccompagner chez nous.
En route, nous avons vu des choses effrayantes, des corps étendus sur
la route pleins de sang, nous avons entendu des cris de lamentation et
de souffrance. Soudain, j’ai entendu une voix qui m’appelait. C’était
notre voisin Abou Redha qui me demandait de l’aider. Il m’a dit :
« Ils nous ont massacrés, ils ont violé nos filles et ils ont pris
tous les enfants entre 12 et 16 ans. » Puis il m’a demandé de quitter
notre maison, car ils reviendraient encore une fois pour tuer tous ceux
qui resteraient dans le camp. Pendant que je me demandais qui avait
commis toutes ces atrocités, une voix m’a surpris : « Vous êtes encore
en vie, bande de chiens ? »
Nous avons couru à la maison pour raconter cet incident terrible. Mon
père a alors dit qu’il ne nous arriverait pas plus que ce qui nous est
destiné par Dieu, que c’est lui qui nous crée et il fait de nous ce
qu’il veut.
Nous sommes restés chez nous jusqu’à l’aube du lendemain. Le vendredi
17 septembre, vers 16 h 30, notre voisine, qui avait passé la nuit chez
nous, est montée, en compagnie de mon frère de 11 ans, sur le toit de
notre maison pour voir ce qui se passait, afin que nous puissions
décider si nous devions rester à la maison ou la quitter. Lorsqu’ils
sont montés, ils ont été vus par des miliciens qui étaient sur une
colline proche. Ils ont eu peur et ils sont redescendus en vitesse pour
nous dire ce qu’ils avaient vu. Quelques instants plus tard, nous avons
entendu quelqu’un frapper à la porte. Mon père a demandé : « Qui est
là ? » Ils ont dit : « Nous sommes des Israéliens et nous voulons
fouiller la maison. » Mon père a ouvert la porte. Il y avait 13 soldats
armés. Quelques-uns sont entrés et nous ont encerclés, d’autres sont
montés sur le toit de la maison et les derniers sont restés à
l’extérieur.
Je me suis mise avec ma petite sœur à côté de mon père pendant que
mes autres frères et sœurs se sont mis à côté de notre mère et de la
voisine. Mon père les a bien reçus et les a invités à s’asseoir. Un des
hommes a dit : « Nous voulons prendre tout ce qui se trouve dans votre
maison. » Alors, je lui ai demandé : « Pourquoi voulez-vous tout
prendre, après nous avoir pris la chose la plus chère, notre terre, que
voulez-vous encore prendre ? » Mon père l’a supplié : « Prends tout ce
que tu veux sauf mes enfants. » Le soldat l’a lors frappé si fort au
visage qu’il s’est mis à saigner. Je n’ai pas pu me contrôler et j’ai
commencé à crier : « Comment pouvez-vous frapper un homme aussi âgé que
mon père ? » Ils m’ont alors frappée et jetée au sol. J’ai senti de
terribles douleurs et j’ai commencé aussi à frapper le soldat qui
m’avait attaquée. Ils ont alors pris tout notre argent et nos bijoux,
même l’alliance de mon père. L’un d’eux nous a ordonné de rentrer dans
une des chambres, de regarder vers le mur et de ne pas nous retourner.
Ma petite sœur d’un an et demi a levé la main et demandé à ma mère de
la prendre dans ses bras, car elle était effrayée. Alors, ils ont
commencé à tirer sur nous. Ma petite sœur a reçu une balle dans la tête.
Mon père a été touché à la poitrine mais était encore en vie. Mes
frères et sœurs Chadli, 3 ans, Farid, 8 ans, Bassam, 11 ans, Hajer, 7
ans et Chadia, 1 an 1/2 ainsi que notre voisine sont morts sur le
coup.
Seuls mes deux frères Maher, 12 ans et Ismaïl, 9 ans sont restés
indemnes parce qu’ils étaient cachés dans les toilettes. Ma sœur Nihad,
16 ans et ma mère n’ont pas été grièvement touchées. Et moi, j’étais
paralysée.
Les soldats, qui croyaient que nous étions tous morts, sont partis.
Nous avons commencé à vérifier qui était encore en vie et qui était
mort. Nous avons demandé à ma mère, à mon frère et à ma sœur d’aller
chercher des secours. Moi, je suis restée avec mon père qui était
grièvement blessé. Nous étions entourés par les cadavres des membres de
notre famille. C’était un moment horrible que je n’oublierai jamais.
Vers 10 heures du matin, 3 soldats sont revenus pour prendre l’argent
qu’ils avaient oublié à l’intérieur de la maison. Ils ont vu que je
bougeais encore et que j’essayais de me rapprocher de mon père. Ils
ont commencé à m’insulter et à m’humilier, puis ils m’ont dit :
« Regarde bien ce qu’on va te faire devant ton père. » Ils m’ont
alors violée l’un après l’autre sous les yeux de mon père et ensuite,
ils m’ont tiré dessus, me blessant à la main gauche. Puis ils sont
partis.
Mon père a dit : « Que Dieu te vienne en aide, ma fille », puis il a
rendu l’âme, car il ne pouvait supporter de voir ce qui m’était arrivé.
J’ai été réveillée par le miaulement des chats qui tournaient autour
des cadavres. Avec ma main indemne, j’ai essayé de recouvrir les corps
avec des couvertures, mais je n’y suis pas parvenue.
Dans la matinée du jour suivant, le samedi 18 septembre, les soldats
sont à nouveau revenus. J’ai alors fait semblant d’être morte. Le
dimanche matin, un soldat libanais est venu pour demander des nouvelles
de membres de sa famille. J’ai alors crié pour demander de l’aide.
Je ne pouvais plus parler lorsque ce soldat a enlevé son manteau pour
couvrir mon corps nu et m’emmener avec lui. En sortant du camp, j’ai vu
des cadavres égorgés et enflés, et pendant tout le chemin, je
n’entendais que cris et lamentations.
Le soldat m’a déposée à la Croix-Rouge. Ils m’ont directement branché
un appareil de respiration artificielle. Ils m’ont ensuite emmenée dans
un hôpital où ils ont refusé de me recevoir. Finalement, ils m’ont
emmenée à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth. »
أنقاض شاتيلا مرت بنا فجراوالريح في صبرا تطفي القناديلايا طارقين الباب لن نفتح الآناقد سافر الأحباب وكان ما كاناأنقاض شاتيلاليل وسفاح والكوكب اهتزاهم صادروا الزيتون وأحرقوا الأرزاأنقاض شاتيلالن نترك الميدان ولتشهد الدنياالموت للطغيان وشعبنا يحيا
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